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daisy_mediumMargarita kai Sophie mou,

Sas stelno tin synenteuksi pou kaname me ton ko Miki gia to entheto "M" tis Monde. Kykloforise stis 10 Fevrouariou. Eixe tromeri epityxia!

To Savvato to vrady stis 8misi ora Ellados boreite na akousete (meso Internet) tin ekpompi "Transeuropéenne" tou Kratikou Gallikou Radiophonikou stathmou "France Inter" me kalesmenous ton Miki tin Danielle (Mitterrand) ki emena.

Filia polla,

Yorgos Archimandritis

Mikis Theodorakis la force d'un destin le Compositeur grec Mikis Theodorakis est un véritable mythe dans son pays. Ses chansons et ses musiques de films comme Z ou Zorba le Grec lui ont assuré une célébrité planétaire. il n'a jamais séparé la création musicale de son engagement politique et de sa lutte pour la liberté des peuples. Propos recueillis par Yorgos Archimandritis photographies pour « m » Takis Spyropoulos.

Athènes, à l'aube de l'année 2010. Au pied de l'Acropole où il a toujours choisi de vivre, Mikis Theodorakis, légende vivante de la Grèce moderne, est assis dans son fauteuil, entouré de matériel sonore et de partitions. De la hauteur de ses deux mètres, toujours impressionnant, même assis, il parle avec passion et lucidité et dresse le bilan de sa vie et de son oeuvre, en évoquant son enfance, ses combats pour la liberté, François et DanielleMitterrand, la Grèce et la France, et bien sûr la musique. Car la musique a toujours été au centre de la vie de Mikis Theodorakis. La musique et la Grèce. La Grèce des luttes et des souffrances, la Grèce de l'espoir et du rêve. C'est pour son pays et son peuple qu'il compose, pour leur offrir une culture nouvelle, our leur offrir la liberté. Sa musique est ainsi devenue e synonyme de la « grécité ».

Comment la musique est-elle entrée dans votre vie ?

J'ai vécu mon enfance et mon adolescence dans a province grecque des années 1920-1930.À cette époque, tout le monde chantait. C'était aussi le cas de ma famille. J'ai donc appris à chanter depuis mon plus jeune âge. Je chantais aussi dans le choeur d'enfants de notre paroisse et, à 16 ans, je suis devenu le chef de choeur de Sainte-Barbara, à Tripolis, dans le Péloponnèse. Tous les dimanches, je devais présenter une oeuvre sacrée originale. Par ailleurs, je suivais des cours de violon au conservatoire de Patras depuis l'âge de 12 ans et j'avais déjà commencé à composer des chansons.

La musique vous a accompagné à des moments particulièrement difficiles, lorsque vous étiez dans la Résistance ou plus tard, en exil. Comment avez-vous continué à composer dans de telles conditions ?

La guerre a commencé quand j'avais 15 ans. On a tout de suite compris qu'on était sur le point d'entrer dans une longue nuit sans jour à l'horizon. Mais la vie battait très fort dans nos veines et nous poussait à organiser nos pensées et nos actions dans ces nouvelles conditions. Il fallait trouver la joie même dans l'obscurité, et cela par tous les moyens. La chanson était liée à la Résistance. Les Résistants chantaient, que ce soit dans les montagnes ou dans les villes. À la Libération, en octobre 1944, la seule chose dont je me souvienne est le choeur immense du peuple, de ces centaines de milliers de gens qui chantaient du matin au soir dans les rues et sur les places publiques dans toutes les villes et tous les villages de Grèce. Mais même après, pendant l'atroce guerre civile (1946-1949), la chanson nous accompagnait dans les prisons, les camps militaires, même à bord des bateaux qui nous conduisaient en exil sur les îles de la mer Égée. Pour moi, chanter ou composer des oeuvres symphoniques était quelque chose de naturel. J'avais déjà terminé mes études au conservatoire d'Athènes et la composition était devenue pour moi aussi vitale que l'eau ou le pain. Rien ne pouvait m'en éloigner. D'ailleurs, ma première symphonie, je l'ai composée dans des conditions inimaginables dans le camp de la mort de l'île de Makronissos, le Dachau grec. La force de la musique qui existait en moi me donnait le courage de créer dans des conditions insupportables pour un être humain. Depuis, je compose ou je pense à la musique à chaque instant de ma vie. Plus tard, pendant la dictature des colonels (1967-1974), j'ai composé des chansons en prison ou en exil et, après ma libération, j'ai sillonné le monde avec Maria Farantouri. Nous avions donné plus de deux mille concerts qui ont été des armes efficaces contre la dictature. Bien sûr, cela ne signifie pas que la musique a fait tomber la dictature, mais qu'elle a aidé vraiment notre peuple à garder la flamme de l'espoir pour lutter contre les colonels.

Quel regard portiez-vous sur la vie suite à ces épreuves ?

Je n'ai jamais pensé à cela... Heureusement, les mécanismes de l'oubli sont en marche et agissent de façon salvatrice. Autrement, notre vie serait un enfer. Mais il est certain que les blessures (surtout les blessures psychiques) forment notre monde émotionnel et, par conséquent, notre oeuvre intellectuelle. Je suis persuadé que chacune de mes créations porte 'empreinte, la marque d'une expérience. C'est ainsi que peut s'expliquer la coexistence dans mes oeuvres d'éléments dramatiques et tragiques d'un côté et épiques de l'autre. « Épique » ne signifie pas « militaire», « héroïque » ou « surhumain ». L'épique, au moins dans mon cas, est l'autre face du tragique. C'est ce qui m'a aidé à retrouver mon équilibre, la paix, la délivrance. Mais l'existence de ces éléments ne signifie pas que ma vie n'a pas eu des moments de douceur, de bonheur, d'amour, d'optimisme et de lumière. Si on analyse ma musique, on trouvera la cristallisation musicale de tout cela. Je considère donc que ma vie a été parfaitement équilibrée et que, malgré les blessures que j'ai subies, j'ai eu une vie heureuse.

Y a-t-il eu des moments où vous preniez des distances par rapport aux combats politiques ?

Heureusement, je ne me suis jamais identifié à la politique. Même pendant les périodes où j'étais prisonnier pour des raisons politiques, je fonctionnais intérieurement comme un artiste absolument libre, consacré à son oeuvre principale, la musique. Celle-ci a toujours été pour moi l'élément suprême, l'élément le plus important, le plus essentiel de ma vie. La conscience de cette vérité provoquait en moi des sentiments de plénitude, de reconnaissance, de paix et de suprématie. Je me sentais au-dessus de tout, car j'avais eu le baiser de la vie... Et pour moi, la vie était quelque chose de beaucoup plus vaste et profond que les événements du quotidien, donc de la politique. C'était mon besoin de communiquer avec les autres en tant que créateur qui m'a orienté vers cette chimère qu'a été mon implication dans la chose publique. Il y a eu sans doute des périodes où ce jeu cérébral m'a dicté des actes de passion. Malgré cela, il y a toujours eu en moi une voix qui me disait : « Ta place est ailleurs... » Ainsi, je pouvais prendre des distances par rapport à ce que je vivais et me contrôler. C'est ainsi que j'explique le fait que j'ai toujours réussi à rester debout et surtout à rester moi-même.

En dehors de la Grèce, à laquelle vous avez consacré votre vie et votre oeuvre, la France a été une partie importante de votre vie.

Après la guerre civile, il m'était impossible de continuer à vivre à Athènes. L'État des vainqueurs ne faisait pas grâce à ses adversaires. Il nous considérait comme des citoyens de deuxième catégorie. C'est pourquoi les années 1950-1954 ont été très difficiles pour moi et mon épouse Myrto, qui avait fait des études de médecine. Personne en Grèce ne nous donnait de travail.

Et quand nous sommes allés à Paris, en octobre 1954, nous nous sommes sentis libres pour la première fois de notre vie ! Tout nous semblait comme dans un rêve. Moi, j'allais au Conservatoire, Myrto allait à l'Institut Curie, et chacun de nous découvrait des choses et des expériences nouvelles et enrichissantes. Puisque nous n'étions plus dans l'angoisse pécuniaire permanente, je pouvais passer mes journées à composer de la musique symphonique, des ballets, des oratorios, de la musique de chambre et des chansons. C'est pendant cette période que les fondements de ma musique se sont créés. Paris a été aussi mon refuge plus tard, pendant la dictature des colonels. C'est d'ailleurs la France, en la personne de Jean-Jacques Servan-Schreiber, qui m'a libéré, et ceci est quelque chose que je n'oublierai jamais. Ensuite, nous avons pu acheter un très bel appartement à Montparnasse, qui nous attirait comme un aimant. Juste après la chute de la dictature, nous sommes venus à Paris pour quelques mois et, depuis, nous vivions entre Paris, Athènes et notre maison de campagne à Corinthe. La dernière fois que nous sommes venus à Paris, c'était en 1995, quand j'ai commencé à composer mon opéra Antigone. Depuis, nous n'avons malheureusement jamais pu y retourner pour des raisons de santé.

Comment voyez-vous la France d'aujourd'hui ?

Il est vrai qu'après la mort de François Mitterrand, j'ai perdu mon intérêt pour la France, puisque on pays avait beaucoup de problèmes auxquels je voulais consacrer toute mon attention et mon énergie. Et puis tous les gens auxquels j'étais lié avaient disparu, comme ont disparu beaucoup d'endroits que je fréquentais, restaurants ou bistrots. Soudain, tout avait changé. C'était comme si François Mitterrand les avait emportés avec lui. Bien sûr, je suis au courant des évolutions politiques actuelles. Je les suis de près, comme nous tous, puisque la France continue d'être une puissance considérable au niveau mondial et surtout au niveau européen. De ce point de vue, nos retrouvailles avec Danielle, il y a deux ans, lors du lancement de votre livre sur ma vie et mon oeuvre, ont été pour moi une oasis...

Et dans le domaine de la culture ?

Je ne vois pas de choses extraordinaires dans le domaine de la culture, ni en France ni dans un autre pays. Ce que je constate, c'est que l'Europe dont nous rêvions tous a fini par devenir une énorme banque dirigée par les économistes, l'argent et les déficits. Malheureusement, telle est la réalité d'aujourd'hui, au sein de laquelle le citoyen occupe la place du parent pauvre.

Donc, la crise mondiale actuelle n'est pas une crise seulement économique mais aussi culturelle...

Je pense que, dans l'histoire de l'humanité, il y a toujours eu une lutte entre deux grandes forces: l'harmonie et le chaos. Cette lutte a toujours été cruelle et inexorable à toutes les époques et pour tous les peuples. Aujourd'hui, elle est à son apogée. Je constate avec tristesse que l'harmonie a rarement été le vainqueur. C'est ainsi que, de nos jours, nous voyons régner le chaos des guerres et de la misère indescriptible à laquelle sont condamnés les peuples de l'Afrique et de tous les pays sous-développés. Derrière tout cela se trouvent les industries de guerre des États- Unis, de la Grande-Bretagne, de la France, de l'Allemagne ou de la Russie qui fabriquent et exportent la mort, faisant ainsi d'énormes bénéfices. C'est ainsi qu'ils assurent le haut niveau de vie de leurs peuples. Cette grande hypocrisie constitue un des éléments constitutifs du chaos d'aujourd'hui. Mais voilà que la grande crise économique est venue, peut-être comme un justicier punissant les crimes commis par les pays riches qui condamnent les pays pauvres à être anéantis par les guerres ou la famine et des millions d'enfants innocents à une mort lente. Bref, aujourd'hui, la misère des uns fait la prospérité des autres. C'est pourquoi je vois de l'hypocrisie dans l'intérêt que montrent à ce sujet l'ONU, les organisations « humanitaires», les forums et les congrès internationaux, où des gens repus versent des larmes de crocodile sur les victimes des guerres et de la pauvreté, ainsi que pour la dégradation de la nature dont ils sont euxmêmes les responsables. Quant à la culture, je dirais que les oeuvres d'art s'adressent seulement à des citoyens libres. Et dans l'idée de la liberté, il n'y a pas de place pour l'hypocrisie et la mauvaise conscience qui régissent le monde dit civilisé. Ce monde qui, peut-être sans le savoir, est devenu l'instrument essentiel du chaos.

Et la Grèce dans tout cela ?

La Grèce avait bien démarré. Après la chute de la dictature des colonels, la démocratie s'est solidifiée mais, par la suite, le pays a perdu son élan au point de perdre son identité. La société de consommation et la poursuite de la prospérité matérielle ont enivré une grande partie de la population qui a exclu de sa vie et de son âme ses qualités les plus fortes et les plus ssentielles. À partir de là, il n'était pas surprenant de voir s'installer la corruption, la permissivité et l'économie parallèle. C'est pour cela que, même aujourd'hui en temps de crise, on constate une prospérité inexplicable dont jouissent plusieurs groupes sociaux qui ne payent pas d'impôts et qui font des bénéfices et de l'argent noir, profitant de la corruption qui règne dans le secteur public et dans tous les secteurs sociaux sensibles comme la santé et l'éducation.

Il y a d'ailleurs eu récemment une réunion à ce sujet des chefs des cinq partis politiques grecs avec le président de la République, Carolos Papoulias.

Exactement. Le Premier ministre, Yorgos Papandreou, a d'ailleurs expressément lié la crise économique à ce phénomène. Au dernier sommet européen, il a même soutenu que nous n'avions pas besoin de l'Europe pour résoudre nos problèmes et que nous pouvions trouver nous-mêmes des solutions. Je suis tout à fait d'accord ! Mais on aurait dû y penser et appliquer cela immédiatement après la chute de la dictature, quand notre peuple était différent. Il n'était pas corrompu et croyait encore à ses valeurs et à ses possibilités. Car je crains qu'aujourd'hui il ne soit trop tard pour nous et que, comme nous sommes devenus la dernière roue du carrosse, nous soyons obligés d'appliquer les dures consignes économiques de la Commission. Comment notre peuple, les syndicats et les étudiants réagiront-ils alors ? Personne ne saurait le dire avec exactitude. Mais on ne peut pas exclure l'éventualité d'un soulèvement populaire qui aboutirait à notre sortie de l'Europe qui ne constitue plus un lieu de vie idéal pour les peuples.

À ce stade de votre vie, vous êtes dans quel état d'esprit ?

Je traverse une période de lumière. Soudain, je me sens jeune,psychiquement, intellectuellement et physiquement fort. Pour la première fois après sept ans, j'ai recommencé à composer et j'ai ainsi retrouvé le bonheur absolu. Malheureusement, je ne peux plus faire ce que j'ai toujours fait en tant que citoyen : m'occuper de la chose publique de façon active. Et ceci me chagrine à un point inimaginable. Car le rôle de l'observateur passif ne me convient pas du tout. Je continue toutefois à écrire et à prendre position publiquement sur certains sujets de grande importance, surtout quand il s'agit de certaines questions nationales qui constituent une blessure supplémentaire pour nous.

Pour conclure, croyez-vous que votre oeuvre et vos combats ont trouvé leur justification ?

Ceci est une chose sur laquelle on ne peut pas encore se prononcer définitivement. Cela serait d'ailleurs impossible, puisque les événements continuent à courir autour de nous et que nous jouons toujours un rôle dans les évolutions actuelles. En tout cas, je considère que j'ai fait mon devoir envers mon pays et mon peuple et je n'ai aucune amertume pour ne pas avoir eu l'opportunité d'appliquer ce dont je rêvais. Ceci n'est donc qu'un sujet de discussion hypothétique. Quel serait le résultat, si j'avais eu la force et les moyens d'entreprendre la réalisation de ces rêves ? Personne ne le sait. Je ne peux pleurer sur des hypothèses et des fantômes. Mais une chose est sûre : ce que j'ai fait dans l'arène de la politique et de l'art continue d'exister et ceci de façon positive. De plus, je sais mieux que quiconque que je n'ai jamais servi une cause à laquelle je n'ai pas cru. Je n'ai jamais agi par intérêt, je n'ai jamais été attiré par les prix et les honneurs. J'ai toujours été profondément radical et contestataire. Mes rêves ont été purement idéalistes, selon mon éducation et cette force intérieure qui m'a toujours poussé à ignorer les questions triviales et insignifiantes et à regarder toujours plus haut et plus loin.

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